La cirrhose du foie correspond à la destruction des cellules hépatiques par diverses agressions : abus d’alcool, hépatite virale, médicamenteuse…
Les cellules sont progressivement remplacées par du tissu cicatriciel (fibrose) qui empêche le foie de fonctionner normalement. Selon l’ampleur des dommages subis par le foie, la fibrose peut être plus ou moins importante, et l’on distingue plusieurs stades. Le stade F1 désigne une fibrose légère, le stade F3, une fibrose sévère. On parle de cirrhose à partir du stade F4, lorsqu’il existe dans tout le foie une quantité exagérée de tissu cicatriciel.
La cirrhose est une maladie très souvent silencieuse. La perturbation de plus en plus importante des fonctions du foie apparait lorsqu’environ 80 % des tissus du foie sont touchés. Elle aboutit à une insuffisance hépatique. Un cancer du foie peut survenir dans les 15 à 20 ans qui suivent la formation de la cirrhose.
Il existe 2 grandes étapes de la cirrhose :
- La cirrhose compensée : le bilan sanguin peut à ce stade être normal,
- La cirrhose décompensée, ou compliquée : une ou plusieurs complications apparaissent, telles qu'une hémorragie digestive par rupture de varices œsophagiennes, une jaunisse, une ascite, des œdèmes des membres inférieurs ou une encéphalopathie.
Avoir une cirrhose prédispose à la survenue d'un cancer primitif du foie ou carcinome hépatocellulaire.
Pendant de longues années, il est impossible de se rendre compte des modifications progressives du foie qui mènent à la cirrhose.
En effet ces modifications se produisent sans douleur et le foie se modifie de façon imperceptible et difficile à déceler, même pour le médecin.
L’examen trouve une augmentation du volume du foie, qui n’est pas constante. Le foie est dur, à bord inférieur régulier et tranchant, indolore. Il existe des signes d’hypertension portale (augmentation du volume de la rate de volume variable, inconstante et surtout circulation collatérale abdominale).
Les signes les plus constants sont cutanés liés à une insuffisance hépatocellulaire, ou des symptômes non spécifiques et qui peuvent être retrouvés dans toutes les maladies hépatiques tels que : ictère (jaunisse), fatigue, prurit (démangeaisons). En cas de décompensation de la cirrhose, on peut retrouver une ascite (liquide dans l’abdomen), des hémorragies digestives et à un stade avancé une encéphalopathie hépatique (troubles neurologiques dus à l’accumulation des déchets que le foie n’arrive plus à éliminer).
Les causes d’une cirrhose sont :
L’alcool, dans 50 à 75 % des cas, associée dans au moins 10 % des cas à une hépatite virale C,
L’hépatite chronique C, dans 15 à 25 % des cas,
L’hépatite chronique B, dans 5 % des cas,
Les autres causes (5 % des cas) sont plus rares : hémochromatose (surcharge en fer) génétique, hépatite auto-immune, maladie de Wilson (surcharge en cuivre), etc.
Déterminer le stade de la fibrose peut se faire :
Par analyse sanguine, avec le Fibrotest notamment,
Ou de façon non invasive, à l'aide du Fibroscan ou élastométrie,
Plus rarement par une biopsie hépatique (prélèvement de cellules hépatiques).
Les dispositifs les plus récents comme le Fibrotest ou le Fibroscan facilitent le suivi de l'évolution de la fibrose.
La cirrhose est une maladie irréversible, contre laquelle il n’existe pas de traitement réellement efficace hormis la greffe de foie.
Il faut traiter en premier lieu la cause de la cirrhose, puis limiter ses facteurs aggravant :
- En cas de cirrhose dite alcoolique, le sevrage est indispensable,
- En cas de cirrhose associée à un syndrome métabolique, il est nécessaire de perdre du poids, de contrôler le diabète avec un traitement bien suivi et d’abaisser le taux de lipides dans le sang.
Dans le cas d’une hépatite virale, des traitements antiviraux doivent être administrés.
La vitamine A et certains autres médicaments sont contre-indiqués en cas de maladie chronique du foie. Il convient de s’informer à ce sujet auprès de son médecin ou de son pharmacien.
Lorsque surviennent une diminution des urines et un gonflement des chevilles et du ventre, c’est-à-dire des œdèmes et de l’ascite, des médicaments diurétiques peuvent être prescrits. Ils favorisent l’élimination de l’urine. La prise de ces médicaments nécessite de temps en temps une surveillance par des prises de sang et, dans tous les cas, un régime sans sel à suivre scrupuleusement. Des sels de régime peuvent être alors prescrits.
Pour réduire le risque d’hémorragie ou pour éviter qu’une hémorragie ne se reproduise, le médecin peut prescrire des médicaments destinés à diminuer la pression du sang dans les veines œsophagiennes : ce sont les bêtabloquants. La prise de ces médicaments ne doit jamais être interrompue brusquement. Les varices œsophagiennes peuvent également être traitées par voie endoscopique, c’est-à-dire par l’introduction dans l’œsophage (par la bouche) d’un instrument permettant l’intervention et, parfois, par voie chirurgicale.
Un traitement peut être proposé pour essayer de ralentir la progression de la fibrose, stabiliser la maladie et éviter les complications évolutives de la cirrhose dont le cancer du foie.
Ce traitement, traitement « d’entretien », est proposé en cas de non réponse virologique dont la durée sera fonction de la réponse biochimique et de la tolérance.
Ce traitement ne doit être envisagé que chez les patients ayant eu une réponse biochimique (normalisation ou diminution franche des transaminases) à l’issue du traitement initial.
Au stade de l’insuffisance hépatique (foie détruit à plus de 75%) il n’existe pas de traitement en dehors de la greffe de foie. Le traitement antiviral est contre-indiqué en cas de cirrhose « décompensée ».
Les risques encourus en cas de cirrhose sont :
Une insuffisance hépatique : perturbation de plus en plus importante des fonctions du foie,
Une hypertension portale : un obstacle à la circulation du sang, qui s’accumule dans les veines du tube digestif,
Les effets des médicaments peuvent être perturbés. La plupart des médicaments absorbés sont transformés par le foie avant d’être éliminés. Des médicaments peuvent devenir moins actifs ou au contraire, des doses normales peuvent devenir trop fortes, certains médicaments peuvent, du fait de la maladie, avoir des effets indésirables. C’est le cas :
- De l’aspirine,
- De tous les anti-inflammatoires,
- De tous les antalgiques (médicaments contre la douleur), tel que le paracétamol susceptible d’être toxique pour le foie à partir de 2 g/j,
- Des médicaments contre les vomissements, de la théophylline et de certains antibiotiques,
- De tous les sédatifs, somnifères, tranquillisants, barbituriques et des médicaments apparentés,
- Des anticoagulants, des hormones.
En règle générale, l’existence d’une maladie chronique du foie doit rendre très prudent dans la prise de médicaments. Il faut éviter toute prise non contrôlée par le médecin et se conformer à ses indications pour les doses et la durée des traitements.