Une actualisation des recommandations sur la prise en charge médicamenteuse des hépatites virales a été publiée début octobre par l’ANRS-MIE, le CNS et la HAS. Longtemps attendues, ces recommandations vont permettre aux hépatologues et à tous les professionnels de santé en charge des hépatites de proposer aux patients une meilleure prise en charge thérapeutique.
Hépatite C : le tournant des AAD
Au début des années 1990, entre 500 000 et 600 000 personnes étaient atteintes d’hépatite C en France. Trente ans plus tard, grâce aux traitements antirétroviraux à action directe (AAD) arrivés sur le marché en 2017, très efficaces et très bien tolérés, le nombre de personnes atteintes a été divisé par 10. Le traitement AAD pangénotypique Epclusa®/Maviret® offre notamment une guérison virologique chez 98% des patients. En augmentant les dépistages et en mettant les personnes atteintes sous traitement AAD, le but de contrôler l’hépatite C en France, avec l’espoir de son élimination d’ici à 2025, reste une option envisageable.
Hépatite B : pas de guérison
Malgré l’existence d’un vaccin efficace, la France compterait environ 281 000 porteurs chroniques du virus de l’hépatite B. L’infection chronique par le VHB reste donc un problème de santé publique majeur. Aujourd’hui, après avoir été dépistée, une personne atteinte peut bénéficier d’une prise en charge destinée à limiter le risque d’évolution vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire et diminuer la mortalité. En effet, contrairement à l’hépatite C, il n’existe pas pour le VHB de traitement aboutissant à la guérison. Les traitements actuels permettent seulement une viro-suppression, sans véritable guérison virologique.
Hépatite D : le parent pauvre
L’infection par le virus de l’hépatite Delta (VHD) ne s’observe que chez les patients infectés par le virus de l’hépatite B. Cette maladie hépatique est généralement sévère et doit impérativement être dépistée devant tout AgHBs positif. A l’heure actuelle, seule la moitié des patients est éligible au traitement par interféron alpha pegylé, et la réponse virologique soutenue après un traitement d’au moins un an par interféron ne dépasse pas 30%. Un nouveau traitement du VHD, le bulevirtide (BLV), a reçu dernièrement une Autorisation de mise sur le marché (AMM), mais son efficacité au long terme reste mal connue.
- Nouvelles recommandations françaises sur la prise en charge des hépatites virales B, C et D sur le site de la Haute Autorité de Santé