Hépatite C bien plus qu’une maladie du foie

Cachet hépatite C

Lors du congrès national sur les addictions 2022 organisé par SOS Addictions, la prise en charge intégrative de l’hépatite C a été mise en avant par le Professeur Stanislas Pol (Hépato-gastro-entérologue, Hôpital Cochin, Paris), Samy Yahiaoui (Infirmier CSAPA, Bordeaux, référent hépatite C) et le Professeur Laurent Karila (Psychiatre, Hôpital Paul Brousse, Villejuif).

Quels sont les chiffres concernant l’hépatite C actuellement ? En fait, on ne sait pas très bien où on en est de l’hépatite C. On sait seulement qu’il s’agit majoritairement d’usagers de drogue actifs, d’hommes ayant des rapports sexuels (traumatiques) avec d’autres hommes (HsH) et de sujets victimes d’anciennes contaminations nosocomiales

En matière de dépistage, la France a développé une stratégie pro-active pour le dépistage mais aussi pour l’accès aux traitements donc l’éradication est en vue. Elle est prévue pour 2030 par l’OMS.

Qui prend en charge l’hépatite C ? Depuis 2019, les médecins peuvent tous maintenant faire les diagnostics et les traitements. C’est une infection virale chronique dont on peut guérir, ce qui est très rare pour ce type de maladie. Par contre il n’y a pas de vaccin. Le vaccin contre le VHB devait conduire à l’éradication ce qui n’a pas été le cas. Ce n’est donc pas le seul outil mais il serait très utile en particulier dans les pays à faibles revenus qui n’ont pas accès aux traitements contre le VHC.

Le dépistage se fait essentiellement par TROD (test rapide d’orientation diagnostique). Il est proposé aux nouveaux patients mais aussi à ceux déjà connus à cause du risque de recontamination. Le fibroscan et le Génexpert permettent de faire des PCR et d’avoir un diagnostic en 1 heure.

Il faut dépister tout le monde.

En cas de sérologie positive, il faut rechercher si le virus est présent ou non par un test PCR et traiter si on a une infection active. Si un sujet a guéri spontanément (dans 40% des cas) mais qu’il a des comportements à risque de réinfection, la surveillance ne se fait pas sur un test virologique mais se fait sur un test sérologique.

L’immunité acquise ainsi est très précoce mais elle s’épuise très rapidement. Et de toutes façons on ne peut pas compter sur l’immunité résiduelle pour éliminer les risques de réinfection. Il ne s’agit pas juste de prescrire le traitement mais prendre en charge le patient de manière globale.

En cas de guérison les examens de surveillance auront lieu 6, 12 et 24 mois après l’arrêt du traitement. Si la personne n’a pas de comorbités (alcool, surpoids, diabète) on considère qu’on peut lever toute surveillance après avoir fait une RT-PCR et une analyse des transaminases. En cas de risque de recontamination, on fait une PCR annuelle. Attention : il n’est pas rare que les patients fêtent leur guérison en consommant à nouveau de l’alcool alors qu’ils avaient arrêté.

La cirrhose du foie concerne 25% des patients ayant une hépatite C chronique. L’évaluation de la fibrose va avec l’évaluation des comorbidités. Certains patients sont tri-morbides : hépatite, psychiatrique, addicto. La prise en charge doit donc être coordonnée et non en parallèle.

L’accompagnement thérapeutique se fait sur plusieurs séances avec notamment la délivrance de TSO (traitement de substitution des opiacés), ainsi qu’avec des entretiens individuels et en groupe. Dans certains services, les téléconsultations sont très utilisées et permettent de moins rater les patients.

Les traitements actuels

Trois traitements existent à l’heure actuelle avec une à trois gélules par jour pour 8 à 12 semaines, permettant plus de 98% de guérison, les échecs étant dû en général à un défaut d’observance. Les traitements ont une excellente tolérance. Ils ont d’autres effets bénéfiques, pas seulement sur le foie, mais aussi sur l’inflammation chronique qui provoque des diabètes, des problèmes cardiaques et d’autres pathologies systémiques, notamment vasculaires ou neuro-cognitives. On a aussi pu observer une réduction importante des hospitalisations psychiatriques (nombre et durées) dans l’année qui suit la guérison de l’hépatite C.

La prise en charge vise à un bien-être global avec notamment des séances de yoga ou de sophrologie par exemple dans une dimension intégrative. Cette dynamique collective n’est pas mise en place en ville où la collaboration entre intervenants est essentiellement médicale.

La guérison de l’hépatite C est maintenant un tremplin vers un accès aux soins plus global.

Source : E-ADD | e-congrès national sur les addictions 2022

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