
La vaccination contre l’hépatite B progresse en France. Dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 25 juillet 2023 consacré aux hépatites, Santé publique France dresse ce constat encourageant. Pour le dépistage, les progrès sont moins évidents.
« L’obligation vaccinale pour tout enfant né à partir du premier janvier 2018 a permis d’obtenir un taux de couverture vaccinale (3 doses) de 91,2%, dépassant pour la première fois les préconisations de l’Organisation mondiale de La santé (OMS) au niveau mondial, qui sont de 90%, sans toutefois atteindre les 95% préconisés pour la région Europe ».
Dans son éditorial, Françoise Roudot-Thoraval, coordinatrice du rapport 2023 sur la prise en charge des hépatites B, C et Delta estime que dans une dizaine d’années, les enfants qui sont actuellement vaccinés seront protégés, notamment lorsqu’ils commenceront à avoir une vie sexuelle.
Cependant, Françoise Roudot-Thoraval pointe « la faible couverture vaccinale, d’une part des adolescents actuels, [d’autre part] des populations fortement exposées au risque d’infection, tels que les usagers de drogues ».
Dépistage VHB et VHC en hausse
L’activité de dépistage des hépatites virales B et C a fortement progressé en France avec plus de 5 millions de tests pour le dépistage du VHC et du VHB en 2021 et 25 millions de personnes testées entre 2014 et 2021. Une bonne nouvelle qui cache toutefois une réalité connue aussi dans le domaine du VIH : le dépistage ne cible pas suffisamment les personnes les plus exposées au risque d’infection.
Plusieurs éléments convergent pour expliquer ce phénomène :
- Le dépistage du VHC et du VHB concerne plus souvent les femmes que les hommes et davantage la classe d’âge des 18-39 ans, alors que les patients infectés par le VHC sont plus souvent des hommes de 40 à 59 ans et que les patients infectés par le VHB sont plus souvent des hommes de 30 à 49 ans ;
- Le dépistage est pratiqué majoritairement par les médecins généralistes, mais trop peu à partir des facteurs de risque dont la mise en évidence est souvent difficile en consultation de médecine générale ;
- Si les traitements courts (8 ou 12 semaines) sont aujourd’hui très efficaces et bien tolérés, ils sont devenus moins prescrits en quelques mois. Cela suggèrerait « une baisse importante du réservoir de malades diagnostiqués restant à traiter, mais également une difficulté à atteindre certaines populations exposées éloignées du soin ».
Une piste, parmi d’autres évoquées dans ce BEH spécial hépatites, pourrait être envisagée : « dépister pour le VHC tous les patients de plus de 40 ans devant subir une endoscopie digestive ». Selon une récente étude réalisée auprès de 490 patients inclus dans 8 hôpitaux de France métropolitaine, la proposition « paraît faisable, bien acceptée (par 97% des patients) et révèle un taux de positivité des anticorps anti-VHC de 6,8% dans cette population (et de 2,8% d’infection active), bien supérieur au taux de positivité dans la population générale dépistée en France ».
Pour rappel, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé pour objectif l’élimination des hépatites B et C à l’horizon 2030.
Source : Santé publique France